Rocher exceptionnel, itinéraires délirants, paysages somptueux, météo d'une clémence remarquable, bouffe délicieuse (et excellente compagnie !!!). Ca n'est pas une surprise. Mais ne boudons pas notre plaisir, nous nous sommes vraiment régalés.
Pour la face sombre -et là encore, ça n'est pas un scoop-, je me permets comme d'autres avant moi, d'émettre un doute sur la durabilité et le caractère vertueux de la nature de la fréquentation engendrée par tout ce qui en fait une destination extrêmement attractive, listé plus haut ...
Pour ce qui relève des dommages et considérations somme toute bien futiles : des secteurs entiers sont sur patinés et dégueulassés de magnésie et de gras par les gugus qui mettent 1000 runs (en ramant!) dans leur projet (probablement surcoté) qui plus est sans brosser; des regroupements étonnants d'ultra-grégaires qui n'ont pas peur de squatter à 25 un secteur de 10 voies; des gonzes pour qui l'expérience vécue n'a de valeur que si elle est validée par l'image et/ou leurs commentaires dithyrambiques publiquement exprimés à grand renfort de superlatifs (Waouh, that's such a great line ! It's amazing. I'm so glad I've climbed that pure king line . Wouhou. It deserves so much its music note. This is exactly harmony. Waouh... TA GUEULE !) , des tickets de magnésie quasiment systématisés au point qu'on arrive à un tel niveau d'absurdité que j'ai constaté dans le crux d'une voie que les seules prises qui n'étaient pas "tickées" étaient celles à utiliser dans la méthode qui m'a parue vraiment optimale (serait-ce de l'humour british? belge !?)...
On notera avec étonnement que les familles accueillies au centre d'accueil des réfugiés sur le port de Pothia ne semblent pas outre-mesure affectées ni par la patine ni par les traits de cake.
Bien plus sérieusement (que la patine; pas les réfugiés!) se pose la question du développement touristique et notamment des infrastructures d'hébergement qui ne tarderont pas à poser de réels problèmes en termes d'urbanisme, de gestion des eaux (si ce n'est déjà le cas) et des déchets ...
Enfin, a minima "dérangeant" (on peut considérer ça comme fondamental en fait et relevant de la même chose que les questions environnementales -et donc sociales-): le sentiment d'une pratique sportive et touristique un peu "hors sol" au fond. C'est pas affreux (y'a mille fois pire ailleurs, je sais!) mais quand même. On pourrait déjà symboliquement commencer par tou.te.s faire l'effort (en fait, avoir la curiosité?) de dire au moins bonjour, s'il vous plait, merci et au revoir en Grec, bordel !?). D'ailleurs, un tout petit lexique anglais-grec dans le par ailleurs très joli et très bien fait topo serait là encore symboliquement pas inintéressant à mon goût.
Bref, on n'est pas les seuls à avoir eu l'idée d'aller grimper à Kalymnos ces 15 dernières années et force est de constater qu'un petit voyage de la sorte est une nouvelle occasion de penser et "agir" le tourisme comme vecteur et partie d'un cosmopolitisme au sens originel du terme, déjà pensé par des mecs du quartier y'a une grosse paire de millénaires...
Tenant en cette formule la parfaite caution morale et intellectuelle qu'il me fallait pour pouvoir envisager de retourner un jour sur ce si beau bout de caillou l'esprit et la conscience tranquilles, j'en termine de ce clic avec cet article.
Quelques conseils/remarques néanmoins en bonus :
- y'a effectivement plein de voies dans le 5 et le 6 et plein de dalles... Oui. Souvent très belles. Mais rarement exceptionnelles (contrairement aux dévers!!!) et très souvent au calcaire extrêmement sculpté (cool) et/mais très agressif (il faut en tenir compte) ... En résumé, tout le monde s'y fera plaisir sans aucun doute mais en matière de voies abordables, on a objectivement fait mieux (mais je dirai pas où !!!).
- c'est exceptionnel dans les dévers à partir du 6c/7a et déjà super dans le 6b/c.
- les petits secteurs éloignés (comprenez plus de 30 minutes de marche ...) sont peu fréquentés et on y retrouve souvent une qualité de caillou comparable aux plus beaux sites classiques de l'Hexagone. C'est pas aussi spectaculaire, c'est pas aussi gigantesque, c'est pas aussi exotique que Grande Grotta mais c'est très très bien. Et on y est peinard.
- les cotations sont globalement très complaisantes. Mais l'ego s'y fait vite :). Il y a néanmoins des exceptions dans certains secteurs et certaines voies.
- le style se prête merveilleusement au "à vue". Et vu qu'il y a des dizaines de voies majeures, ça vaut vraiment le coup !
- les appréciations notées des voies indiquées dans le topo sont à considérer dans le contexte du secteur ... 3 étoiles à Grande Grotta, Panorama ou Sikati, c'est ultra majeur. "Note de musique" (la note d'appréciation ultime du topoguide) dans un secteur plus confidentiel, qui plus est si c'est un secteur abordable, c'est "juste" une très belle voie... Dans ce même secteur confidentiel, on n'aura pas intérêt à se ruer de suite sur les "2 étoiles" ...
-les commentaires des voies indiqués dans le topo sont eux aussi à considérer dans leur contexte. Contrairement à leurs signification en anglais, en Kalymnish crimpy signifie que le no foot juste après avoir trempé ses mains dans de l'huile d'olive locale n'est plus envisageable, technical veut dire qu'il vaut mieux enfiler de bonnes baskets d'approche plutôt que vos tongs (very technical vous demandera de lacer les dites chaussures d'approche) et an outstanding thin slab with amazingly balance moves on tiny footholds doit vous mettre la puce à l'oreille : il est possible que grimper avec un chausson gauche au pied droit et inversement vous déstabilise. J'exagère un peu.
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