vendredi 10 novembre 2017

Fleur de Rocaille (Mouriès)

Euh ... y'a des prises là où je suis passé !?

Pas une découverte à proprement parler puisque j'y avais déjà posé les pieds et les chaussons (encore plus approximativement que maintenant ...) gamin au tout début des années 90. Le coin, ces lames de calcaires, les oliviers, la pinède, la garrigue, le mistral, LA praire, pas grand chose n'a changé. Presque comme dans mes souvenirs vivaces mais dois-je avouer confus. Par contre, 25 ans plus tard, il ne s'agit plus seulement de jouer et de se délecter de ces espaces lumineux de mon enfance mais de se confronter aussi à un pan de l'histoire de l'activité qui fait mon bonheur depuis si longtemps. Retourner à Mouriès, ça n'était pas "prémédité". Mais ça faisait longtemps que l'envie me trottait dans la tête. A l'occasion. A l'occasion seulement. C'est toujours bien plus confortable de laisser le hasard décider à votre place quand au fond, on craint que ça soit douloureux. 

L'occasion se présenta tranquillement, sans fracas, sans prévenir et sans me surprendre pour autant. Soit, allons donc voir où nous en sommes. Moi. Et le "sport" escalade en 2017 à vrai dire. 

Aucun doute, j'y suis. Dès la marche d'approche, j'hume le parfum de ces lieux qui, s'ils ont été abandonnés parfois par la pratique, demeurent éternels dans les esprits. Un parfum de rocher impeccablement compact, de parois à l'esthétique remarquable et de broches "Brouet-Badré" un peu espacées ...

15m maxi. Probablement même pas plus de 12. C'est à la louche la hauteur de ce mythe. Là encore, comme pour nombre d'autres vieilles voies qui restent dans les mémoires, ces 12 mètres de caillou parfait et de reliefs invitant à l'escalade suffisent amplement là où dans nombre d'escalades récentes,  12 mètres ne parviennent parfois même pas à satisfaire nos désirs d'approche accueillante. 12 mètres seulement. Et pas la moindre complaisance concédée au grimpeur aux prises avec la gravité. Et néanmoins, quel plaisir dans cette exigence. Simple, brute, sobre. 

Fleur de rocaille n'est probablement pas la plus belle voie de Mouriès. J'imagine que d'autres "classiques" (Ceux qui vont mourir te saluent,  Tranche de vie, ... ) ont objectivement plus d'atouts selon les canons de beauté communément acceptés parce que plus longues, plus homogènes et plus continues, dans des murs à l'élan plus remarquable encore. Sans doute. Mais Fleur de rocaille demeure un monument de notre petite activité qui en plus d'être d'un point de vue strictement sportif très intéressant (préhensions superbes, mouvements top, variés et qui demandent précision, rythme, ...  effort intéressant aussi physiquement que psychologiquement : faut arriver frais -et donc bien calé - à la décontraction au pied du crux torride juste quelques mètres sous la chaine) ajoute à l'expérience de son ascension une consistance, une épaisseur encore plus palpable.  

Mouriès et peut être plus spécifiquement Fleur de rocaille est un "lieu de mémoire" (j'y vais fort, je sais) d'une histoire de l'escalade sportive qui engage autant des considérations sportives que politiques et philosophiques.

Premier 8a féminin mondial avec l'ascension de Catherine Destivelle en 1985, décoté immédiatement à 7c (...). Remonté à 7c+. 7c+ le plus 8a des Alpilles aux dires de l'actuel topo. Considéré 7c, 7c+ ou 8a au bon vouloir de chacun. Chacun faisant avec sa conscience et son ego.

"L'inexactitude par définition" imposée au désir de mesure de la performance. Puissent les cotations faire  éternellement débat et que demeure cette incroyable poésie.  

Euh, oui, il y a plus grave dans le monde. Certes, certes.








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